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alain de benoist - Page 17

  • "La notion même de patriotisme est devenue incompréhensible dans les milieux médiatiques"...

    Nous reproduisons ci-dessous un entretien donné par Alain de Benoist au site Place d'armes, dans lequel il revient sur la polémique provoquée par la publication au mois d'avril dernier de tribunes signées par des militaires en retraite et par des militaires d'active dénonçant le délitement de la France.

    Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019),  La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020),  La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020), La puissance et la foi - Essais de théologie politique (Pierre-Guillaume de Roux, 2021) et L'homme qui n'avait pas de père - Le dossier Jésus (Krisis, 2021).

     

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    Entretien avec Alain de Benoist

    Place d’armes (PdA) : Avez-vous suivi de près la polémique née de la « lettre aux gouvernants » dite « lettre des généraux » et qu’en déduisez-vous ?

    Alain de Benoist (AdB) : Je l’ai suivie attentivement, sinon de près. Elle me fait invinciblement penser à la vieille histoire de l’idiot qui regarde le doigt quand on lui montre la lune. Tout le monde a parlé du doigt, presque personne de la lune. On pourrait dire aussi qu’on a voulu tuer le messager, pour ne surtout pas parler du message. On a fouillé le passé des signataires, on a utilisé les termes les plus délirants pour qualifier leur initiative, et même leur « vocabulaire », on a parlé de « coup d’État en préparation », d’« appel à l’insurrection » et des « sanctions » qui s’imposaient contre les « factieux », on s’est gravement demandé de qui cette lettre « faisait le jeu ». Ce qu’on s’est en général abstenu de faire, c’est de poser la seule question qui méritait de l’être : la situation décrite dans cette lettre correspond-elle ou non à la réalité ? La France est-elle en état de « délitement » ? Est-elle en danger pour les raisons que décrit la lettre ? Oui ou non ? Telle est la question de fond.

    On pourrait évidemment faire une anthologie de toutes les sottises, de toutes les affirmations grotesques qui ont émaillé cette polémique. Personnellement, ce qui m’a le plus frappé est de voir à quel point la notion même de patriotisme est devenue, non seulement ringarde, mais incompréhensible, dans les milieux médiatiques. La patrie, l’honneur, cela ne veut tout simplement plus rien dire pour la majorité de ceux qui ont charge de façonner l’opinion selon les critères de l’idéologie dominante. Là aussi, un énorme fossé s’est creusé entre les médias et le peuple. Aujourd’hui, 90 % des journalistes pensent exactement le contraire de ce que pensent 90 % du peuple. Cela donne à réfléchir.

    PdA : Que pensez-vous de la double réaction : celle des militaires à la retraite : plus de 27 000 signataires dont 62 généraux et celle de la lettre des militaires d’active révélée par « Valeurs actuelles»?

    AdB: Elle montre évidemment à ceux qui ont parlé d’un « quarteron de généraux en charentaises » qu’une large partie de l’armée est en accord avec ce que dit la « lettre aux gouvernants ». Ce n’est pas une surprise, mais c’est symptomatique, et c’est ce symptôme qui mérite d’être souligné. Le reste, les propos indignés de ceux qui veulent que « la parole se libère », mais que l’armée reste la Grande Muette ne sont que des calembredaines. Il en va de même du « devoir de réserve ». Lorsque, durant la guerre d’Algérie, le général de Bollardière avait dénoncé l’usage de la torture, la gauche ne lui avait pas reproché d’être sorti de son « devoir de réserve ». De même, il y a peu de gens aujourd’hui pour estimer qu’en lançant son Appel du 18 juin, le général de Gaulle est sorti de son devoir de réserve ! Dire que « la neutralité de l’armée est essentielle », c’est encore se moquer du monde. Le rôle de l’armée est de combattre l’ennemi, ce qui est le contraire même de la neutralité. En désignant l’ennemi, les militaires ne font que leur devoir, qui est celui de défendre le pays.

    PdA : Comment interprétez-vous le sondage où 49 % des Français souhaitent que l’Armée intervienne même sans l’accord des politiques ? Est-ce derrière une notion de coup d’État ou plus simplement le désaveu des politiques ?

    AdB : En septembre 2019, un sondage Ipsos avait déjà révélé que pour 77 % des Français « l’arrivée d’un leader fort, capable de briser les règles » constituerait une « solution pour améliorer la situation du pays ». On a bien entendu aussitôt parlé de « dictature » et de « coup d’État ». Je crois qu’il faut y voir beaucoup plus l’expression d’un sentiment de défiance généralisée, touchant aussi bien les institutions que les hommes politiques de toutes tendances ou les médias. Les gens se rendent compte que nous vivons dans une époque de crise généralisée, et que la démocratie libérale, parlementaire et représentative (que je ne confonds pas avec la démocratie tout court), est incapable d’y faire face. Toute situation d’exception appelle des mesures d’exception.

    Que l’armée soit aujourd’hui à peu près la seule institution à laquelle les Français font encore confiance nous révèle du même coup ce qu’ils pensent eux-mêmes. Le sondage dont vous parlez indique d’ailleurs aussi que, pour 73 % des Français, « la société française est en train de se déliter ». Gérard Longuet, ancien ministre de la Défense, me paraît avoir eu le mot juste quand il a déclaré que « l’armée française n’est pas composée de gens qui sont dans la repentance ».

    PdA : Comme nous, vous pensez que l’élection présidentielle ne résoudra pas les problèmes traversés par la France, pouvez-vous nous donner vos raisons ?

    AdB : Guy Debord disait que si les élections pouvaient changer quoi que ce soit, il y a longtemps qu’elles seraient interdites ! Cela vaut pour l’élection présidentielle comme pour toutes les autres. De façon plus générale, je suis de ceux qui pensent que, dans les circonstances actuelles, aucune action politique n’est susceptible de réaliser le nécessaire changement de société, la nécessaire révolution dont notre pays a besoin. Mais je ne crois pas non plus beaucoup au mythe de l’« homme providentiel ». Je dois avouer enfin que je suis extrêmement sceptique sur le sens politique d’un grand nombre de militaires. Les qualités d’un homme d’État ne sont pas forcément les mêmes que celles d’un chef de guerre. Un général de Gaulle ne se rencontre pas tous les jours !

    PdA : Rejoignez-vous les nombreuses personnalités qui parlent de coup d’État ou au minimum d’explosion ? Et pensez-vous qu’une telle action sera consécutive à un problème social ou à un problème d’identité ?

    AdB : Je crois que nous sommes sortis de l’époque des pronunciamientos. Je crois aussi que nous vivons plus au temps des implosions qu’au temps des explosions. C’est la raison pour laquelle, contrairement à beaucoup, je ne crois pas beaucoup à la guerre civile, du moins à court terme et sous sa forme classique (pour qu’il y ait guerre civile, il faut d’ailleurs déjà que l’armée soit divisée en deux camps). Je suis convaincu, en revanche, que nous allons assister à la multiplication des épisodes de violence sur fond de décomposition, de dissolution progressive et de montée du chaos. Lénine disait que les révolutions se produisent quand à la tête on ne peut plus, et qu’à la base on ne veut plus. La vaste majorité des gens, à commencer par les classes populaires et la partie des classes moyennes qui est en voie de déclassement, sinon de disparition, ne veut visiblement plus. Je pense qu’on peut s’attendre à une révolte de grande ampleur, car les problèmes d’identité et les problèmes sociaux sont indissolublement liés. Ce sont les mêmes qui vivent en état de précarité et d’insécurité, tant politique que culturelle et sociale.

    PdA : S’il y a confrontation violente, pensez-vous qu’elle se produira simplement en France ou enflammera toute l’Europe ?

    AdB : Les mêmes causes engendrant les mêmes effets, dans la mesure où la crise que nous traversons ne se limite pas à la France, il y a tout lieu de penser que les violences ne s’arrêteront pas non plus à nos frontières, même s’il faut évidemment tenir compte du caractère particulier des situations nationales et locales.

    PdA : Enfin si vous aviez à inciter les Français qu’ils soient civils ou anciens militaires à rejoindre « Place d’Armes » que leur diriez-vous ?

    AdB : Je ne crois pas que ce soit à moi de me substituer aux animateurs de « Place d’Armes » pour inciter civils et militaires à vous rejoindre ! Je n’ai hélas aucun titre à le faire. Je peux seulement conseiller à tous ceux qui s’interrogent sur un avenir qui les angoisse d’écouter ce que vous avez à leur dire.

    Alain de Benoist (Place d'armes, 4 octobre 2021)

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  • La société de surveillance, stade ultime du libéralisme...

    Essayiste et collaborateur de la revue Éléments, Guillaume Travers est notamment l’auteur d’Économie médiévale et société féodale (La Nouvelle Librairie, 2020), de Capitalisme moderne et société de marché (La Nouvelle Librairie, 2020), et coauteur, avec Alain de Benoist, de La Bibliothèque du jeune Européen (Le Rocher, 2020).

     

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    La société de surveillance qui se met en place scelle-t-elle la fin du projet libéral de « société ouverte » ? Non, répond Guillaume Travers, elle en est au contraire l’aboutissement logique. C’est la raison pour laquelle les libéraux promouvront tôt ou tard toutes les méthodes techniquement possibles de contrôle social : puçage des populations, reconnaissance faciale, modifications géniques, 5G, etc. Pour éclairer ce paradoxe, il faut revenir aux sources de la conception libérale de la liberté, et mettre en lumière ses impensés. Ce à quoi s’attache cet essai. Face à la liberté abstraite des libéraux, il appelle à retrouver une conception classique de la liberté, qui a prévalu tant dans le monde antique que médiéval — et pas sa falsification orwellienne.

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  • Tour d'horizon... (212)

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    Au sommaire cette semaine :

    - sur Le Grand Continent, Céline Jouin présente un teste inédit de Carl Schmitt consacré à l’obscurcissement du concept de guerre et à la multiplication des états intermédiaires entre guerre et paix...

    « Inter pacem et bellum nihil medium »

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    - sur Philitt, dans un entretien, Alain de Benoist évoque les figures d'Ernst Jünger et de Pierre Drieu la Rochelle...

    Alain de Benoist : « Drieu et Jünger ont été des conservateurs révolutionnaires, désireux de sauvegarder des valeurs éternelles»

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  • La société de surveillance...

    Le nouveau numéro de la revue Éléments (n°192, octobre 2021 - novembre 2021) est en kiosque!

    A côté du dossier consacré à la société de surveillance, on découvrira l'éditorial d'Alain de Benoist, les rubriques «Cartouches», «Le combat des idées» et «Panorama» , un choix d'articles variés, des entretiens, notamment avec le grand reporter Régis Le Sommier... Et on retrouvera également les chroniques de Xavier Eman, d'Olivier François, de Laurent Schang, d'Hervé Juvin, de Nicolas Gauthier, de Bruno Lafourcade, de Guillaume Travers, d'Yves Christen, de Bastien O'Danieli et de Slobodan Despot, ainsi que celle d'Ego Non consacrée à la philosophie politique...

     

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    Éditorial
    La fin du féminisme. Par Alain de Benoist

    Agenda, actualités

    L’entretien
    Régis Le Sommier : « Je suis un enfant du 11 septembre ! »

    Cartouches
    L’objet politique : le Walkman, oreilles baladeuses. Par Nicolas Gauthier

    Une fin du monde sans importance. Par Xavier Eman

    Cinéma : les vies rêvées d’Alain Jessua. Par Nicolas Gauthier

    Carnet géopolitique : En quête d’Empire. Par Hervé Juvin

    Champs de bataille : place à Vauban ! Par Laurent Schang

    La bovarhyène. Par Bruno Lafourcade

    Économie. Par Guillaume Travers

    Normopathes : les matons de Panurge. Le regard d’Olivier François

    Bestiaire : les cacatoès sont des hommes comme les autres. Par Yves Christen

    Sciences. Par Bastien O’Danieli

    Le combat des idées
    L’écrivain, le juriste et l’infectiologue : les Maulin, une famille face au Covid. Propos recueillis par Pascal Eysseric

    Le décryptage de Guillaume Travers sur la surveillance mondialisée. Propos recueillis par François Bousquet

    Jusqu’où accepteront-ils d’obéir ? » Retour à Stanley Milgram. Par Pierre Fouques

    Vingt ans après le 11 septembre : le cadavre « néocons » bouge encore. Par François Bousquet

    Panique à Kaboul : Cédric Bannel mène l’enquête. Propos recueillis par Pascal Eysseric

    Le mythe de la dématérialisation : l’écologie ne passera pas par le numérique. Par Guillaume Travers

    Collection Pinault à la Bourse du Commerce : la fièvre de l’art niais. Par Alix Marmin

    Les Carnets rebelles : le chef-d’œuvre posthume de Dominique Venner. Par Alix Marmin

    Dans la tête d’Alexandre Douguine, le prophète des 5 royaumes. Par Charles Castet

    Entretien avec David Engels : pour une renaissance de l’Europe. Propos recueillis par Éric Garnier

    La damnation d’Edgar P. Jacobs : un opéra de papier. Par Fabien Niezgoda

    Centenaire de Georges Brassens, l’infréchantable. Par Alain Lefebvre

    Inceste saison 5 : le métier à pleurer de Christine Angot. Par François Bousquet

    Avec Jules Vallès, soldat de la Commune : un écrivain sur les barricades. Par David L’Épée

    Dossier
    C’est grave docteur d’être Blanc ?

    Les racines religieuses du wokisme : Ubu au pays de Calvin et de Walt Disney. Par François Bousquet

    Les 26 privilèges noirs : pourquoi être Blanc n’est plus cool. Par François Bousquet

    Entretien avec Georges Guiscard : « Ah, ça ira, ça ira ! Les Blancs à la lanterne ». Propos recueillis par François-Laurent Balssa

    L’aristocratie selon Bernard Lugan, l’allure de Blake et l’art de vivre de Mortimer. Par François Bousquet

    Nos racines, leur racisme : vers la fin des z’humanités ? Par Anne-Laure Blanc

    Panorama
    L’œil de Slobodan Despot

    Réflexions au pied de mon poêle. Par Slobodan Despot

    La leçon de philo politique : Donoso Cortés, critique du libéralisme. Par Ego Non

    Un païen dans l’Église : coup de pied de l’âne au Palais des papes. Par Bernard Rio

    C’était dans Éléments : le contrôle social par l’ordinateur. Par Michel Lhomme

    Éphémérides

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  • Carnets rebelles !...

    Les éditions de La Nouvelle Librairie viennent de publier le premier tome des Carnets de Dominique Venner, avec une préface d'Alain de Benoist. Écrivain, journaliste et historien, figure de proue du combat identitaire, Dominique Venner (1935-2013) a publié un grand nombre d’ouvrages, parmi lesquels Le Cœur rebelle (1994), Histoire et tradition des Européens (2002), Le Siècle de 1914 (2006) et Un samouraï d'Occident (Pierre-Guillaume de Roux, 2013).

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    " La portée de la mort volontaire de Dominique Venner, le 21 mai 2013, aura été immense pour tous les « cœurs aventureux ». S’il y a néanmoins une chose que ce sacrifice ne laissait pas présager, c’est que le « samouraï d’Occident » confiait à la postérité un grand nombre de notes manuscrites qui, mises bout à bout, forment un massif de textes impressionnant : ses Carnets. Rédigés quarante années durant, ils sont la dernière pièce de son œuvre, sans aucun doute la plus personnelle : l’enfance sous l’Occupation, l’Algérie, l’engagement à Jeune Nation et la fondation d’Europe-Action, le goût de l’aventure et le sens de l’héroïsme, la passion de l’histoire et la quête des racines, l’attrait des armes et l’amour de la chasse. Une mine d’or biographique et philosophique qui lève le voile sur un personnage hors du commun, à la fois acteur et observateur de son temps. Ce premier volume rassemble la première partie des carnets rédigés entre 1982 et 1990. "

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  • Faire face à la désinformation

    Le 31 août 2021, Thomas Arrighi recevait Alain de Benoist, dans l'émission «Sputnik donne la parole» pour évoquer avec lui la désinformation et « l’infobésité », à l'occasion de la publication de Survivre à la désinformation (La Nouvelle Librairie, 2021), un recueil d'entretiens donnés à Boulevard Voltaire et consacrés à la mise en perspective de l'actualité.

    Philosophe et essayiste, directeur des revues Nouvelle École et Krisis, Alain de Benoist a récemment publié Le moment populiste (Pierre-Guillaume de Roux, 2017), Contre le libéralisme (Rocher, 2019),  La chape de plomb (La Nouvelle Librairie, 2020),  La place de l'homme dans la nature (La Nouvelle Librairie, 2020), La puissance et la foi - Essais de théologie politique (Pierre-Guillaume de Roux, 2021) et L'homme qui n'avait pas de père - Le dossier Jésus (Krisis, 2021).

                             

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